Interview de Patrick Norbert

A quelques heures de la première rencontre à domicile de la saison, Patrick Norbert, président du Racing Club de France Football a bien voulu répondre aux questions qui lui ont été posées concernant l’actualité présente et l’avenir immédiat du club.

 

🎙 Pour revenir rapidement sur cette saison 2021-2022. Cette montée a-t-elle été un soulagement ?

On peut fixer des objectifs, on n’est jamais sûr de les atteindre. Dans ce sens, oui, cette montée à été pour l’ensemble du Club, un soulagement.
Nous étions déjà premiers du championnat la saison précédente au moment où tout s’est arrêté en raison de la pandémie, cela avait été une grande frustration pour tout le monde.
Quand la nouvelle saison a démarré, nous avions beaucoup d’ambition, mais nous n’étions certains de rien. Allions-nous être capables de retrouver notre cohésion et d’imprimer la même qualité, rien n’était écrit et nous avons d’ailleurs démarré la saison par deux défaites.
De quoi se poser d’emblée beaucoup de questions.

 

🎙 Avez-vous noté un changement d’ambiance après cette montée ? Peut-être un peu moins de défiance après les années difficiles qui vous ont précédées ?

Nos supporters attendent un signe fort depuis longtemps, trop longtemps sûrement. Ils en étaient venus à désespérer, à ne plus croire dans le destin brisé de ce grand club emblématique qui fut durant de longues décennies le grand club de la capitale, et à bien des égards l’un des plus grands clubs français.
Un vent nouveau souffle désormais sur le RACING. Les supporters en ont conscience, et ils le font savoir. 

 

🎙 11 points d’écart entre le 1er et le 2e : Meilleure attaque (62 buts) et meilleure défense (20 buts encaissés). Cela a donné le sentiment que c’était presque trop facile ?

Je vous garantis que ce ne fut jamais le cas. Chaque match a été un combat, surtout dans ce championnat d’Île-de-France de National 3, le plus relevé sans doute à l’échelle du pays.
À la suite des deux défaites que je viens d’évoquer, nous sommes restés invaincus durant 9 mois, battant au passage, même si cela reste anecdotique, le record d’invincibilité d’une équipe du RACING depuis 1896, c’est-à-dire depuis sa création.
Est-ce que cela nous rassure au moment d’affronter ce nouveau challenge ? Est-ce que cela nous donne davantage de garanties ? Évidemment non. Tout est à refaire. Nous allons devoir rapidement revoir nos certitudes et tâcher de nous adapter au plus vite.

 

🎙 Vous venez de remporter votre premier match à l’extérieur, la campagne de préparation s’est soldée par six victoires sur les sept matchs disputés, est-ce que cela peut représenter une partie de la réponse ?

Si nous voulons nous faire une idée juste de ce qui nous attend, il faudra encore patienter. Une campagne réussie de matchs amicaux, si elle peut livrer des indications, ne donne en revanche aucune garantie pour la suite.
C’est tout le charme, et en même temps la cruauté des sports collectifs. Tout est contenu dans une forme d’alchimie difficile à mettre en place, encore plus difficile à comprendre.
On peut avoir le sentiment de bien faire, et que cela ne fonctionne pas. C’est une éternelle remise en question.

 

🎙 Qu’est-ce qui fait aujourd’hui lADN du jeu de cette équipe ?

C’est un jeu fait de cohésion, d’engagement, de générosité, tout cela guidé par un état d’esprit irréprochable. Ce dernier critère étant le premier dans l’ordre des qualités que nous privilégions au moment du recrutement.
Nous n’avons pas de joueurs qui crèvent l’écran au sens littéral, mais une addition de complémentarités qui constituent à la fin une force qui avance.
Le nouveau challenge qui nous attend nous en dira un peu plus. Le groupe a été reconduit dans sa totalité. Est-ce que qu’il sera compétitif à cet étage ? C’est toute la question.

 

🎙 Vous avez récemment expliqué que le RACING dictait lui-même son ambition. Quelle est cette ambition ?

Vous savez l’ambition c’est quelque chose en général que l’on garde secrètement au fond de soi. On ne prend pas un micro, on ne monte pas sur le toit de l’église pour crier aux autres ce qu’on veut faire.
Ce que j’ai voulu dire, c’est que le RACING à comme un devoir de tout faire pour tenter de rattraper son glorieux passé. Voilà, son ambition. Pas besoin de faire un dessin. On peut être ambitieux et en même temps comprendre que l’ambition doit s’accompagner de beaucoup d’humilité, au risque d’être précipité aux devants de grandes déceptions.
Cette montée est une première marche de franchie. Quelque soit le niveau où elle survient, ce n’est jamais une formalité. Chaque marche qui conduit vers le sommet a sa difficulté. Elle est le passage vers la marche suivante, qui seule donne accès à celle qui suit. C’est une vérité de La Palice, mais on peut prendre le problème par n’importe quel bout, il n’existe pas d’autre chemin.

 

🎙 À quoi ont ressemblé les semaines de préparation ?

Je crois pouvoir dire qu’elles ont été appliquées et studieuses. Elles n’ont au fond pas différé des pré-saisons précédentes. On se pose les mêmes questions qui reviennent d’une manière obsessionnelle. Fait-on les bons choix ? La mayonnaise va-t-elle prendre ? L’équipe sera-t-elle compétitive dans ce nouveau championnat ?
Mais, dès le départ, il est un passage qu’il ne faut pas manquer si l’on veut avoir une chance de voyager. Il se résume à trois conditions : 
1- Réussir son recrutement.
2- Réussir son recrutement.
3- Réussir son recrutement.
Cela ne donne aucune garantie pour la suite, mais en réussissant ce premier défi on se ménage une chance de réussir les étapes qui suivent.
Dans le cas contraire, la saison est manquée avant même qu’elle ne démarre.

 

🎙 Quelles problématiques avez-vous rencontré à ce niveau-là ? (notamment avec le transfert de Balamine Savane en D1 Bolivienne)

Nos joueurs ont été très sollicités, c’est normal et nous nous y attendions. Nous avons fait les efforts qu’il fallait pour contrer la concurrence. Un autre facteur très important a également joué dans le choix des joueurs de rester et de continuer l’aventure. Tous ont conscience que jouer pour le RACING c’est défendre une forteresse du football français. Un club historique, grand club de la capitale durant de très longues décennies, vainqueur de 5 coupes de France sur 8 finales disputées, membre du club très fermé des équipes ayant réussi le doublé Coupe/championnat la même année.
Et puis il y a aussi la reconstruction du mythique Stade Olympique Yves-Du-Manoir pour lequel le département des Hauts-de-Seine et l’État investissent près de 100 millions d’euros dans la perspective des Jeux Olympiques de 2024.
Toutes les planètes sont alignées pour entamer cette reconquête tant attendue, pas seulement par les supporters du RACING, mais, je crois, par un grand nombre de passionnés de football.

 

🎙 Avoir votre fils, Guillaume, comme entraîneur de l’équipe N2 vous facilite-t-il la gestion du club?

Mon expérience passée m’a renforcée dans la certitude que si l’entraîneur et le président ne forment pas un binôme solide, il n’y a pas de réussite possible.
La difficulté de l’entreprise, c’est que l’entraîneur et le président ont souvent une approche différente s’agissant du chemin qu’il faut emprunter pour y arriver. La vérité du terrain est une chasse gardée de l’entraîneur, il reste donc au président à regarder passer les trains et à faire des chèques.
C’est un postulat bien établi dans le football français. J’en ai fait l’expérience lorsque j’étais à la tête du SCO d’Angers. On ne discute pas des prérogatives de l’entraîneur, même lorsqu’il est relégable et que ses décisions mettent en péril des dizaines d’emplois et par ricochet l’équilibre d’autant de familles.
C’est dommage, car je pense que le bon sens n’est pas l’apanage des écoles qui distribuent les diplômes d’entraîneurs. La faculté de raisonner et d’échanger appartient à tout le monde. Un avis reste un avis, il n’empêche nullement celui qui prend les décisions d’en tenir compte, d’en retenir seulement une partie ou encore de l’ignorer.
Heureusement avec Guillaume nous échangeons naturellement sur tous les sujets. Il a des idées bien arrêtées, mais il reste ouvert à l’échange. Un respect mutuel a de tout temps prévalu entre nous, une relation qui s’est encore renforcée je crois, au sein du RACING.
L’autre avantage c’est évidemment que nous avons échangé sur le football bien avant que nous nous retrouvions dans la situation qui est la nôtre au RACING. Nous nous rejoignions assez souvent sur nos analyses, cela sans effort. C’est un atout considérable.

 

🎙 Le Racing est un club ayant une identité marquée : est-elle inculquée aux plus jeunes licenciés ?

C’est un leitmotiv permanent. Les éducateurs du Club ont pour mission de transmettre la riche histoire du RACING aux plus jeunes, afin qu’eux-mêmes puissent la transmettre un jour à des plus jeunes qu’eux.
Cela s’appelle « l’héritage ». Nous avons un devoir de mémoire. Le stade Yves-Du-Manoir dans lequel nous évoluons constitue à lui seul un héritage commun, pas seulement pour les Racingmen, mais pour tous les français. La Tribune principale est d’ailleurs, à cet égard, classée Monument historique.
Les équipes de France de Football et de Rugby ont évolué dans ce stade pendant plus de 50 ans. Des Jeux Olympiques s’y sont déroulés, et également une finale de Coupe du Monde de Football.

 

🎙 Avez-vous pu vous renseigner sur vos futurs adversaires, notamment sur leurs ambitions ?

Cinq, voire six équipes du groupe Ouest dans lequel nous avons été intégrés, ont une ambition affichée de montée. Sans avoir à jouer les espions, nous savons que l’adversité sera rude.
Nous attendons avec une forme d’impatience de voir quel sera notre destin, sans être autrement plus inquiet que cela. Nous verrons bien. Pour gagner, il ne faut pas trembler, et l’un des meilleurs moyens pour cela, c’est d’accepter l’idée que l’on puisse perdre.

 

🎙 Sur le long terme, espérez-vous rejouer les premiers rôles comme ce club a pu le faire dans le passé ?

Je pense avoir déjà répondu à cette question. Cela prendra probablement du temps, mais il n’est pas besoin d’être devin, pour affirmer qu’il est écrit que le RACING et son mythique maillot Ciel et Blanc réapparaîtront un jour prochain sur le devant de la scène.

Propos recueillis par Vincent Le Borloch

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