Alim Ben Mabrouk : « Ce maillot Ciel et Blanc, il m’appartiendra toujours… »

Alim Ben Mabrouk

Avec plus de 200 matchs sous le maillot du Racing, Alim Ben Mabrouk, ancien milieu de terrain, est le joueur emblématique de la période Matra. L’ancien international algérien a accepté de nous rencontrer pour évoquer, avec nous, sa carrière de footballeur fortement marquée par son passage au club ainsi que son attachement inconditionnel aux couleurs ciels et blanches…

 

Bonjour Alim, c’est un plaisir pour le club de pouvoir vous retrouver aujourd’hui. Pour bien commencer cette interview, et pour les plus jeunes d’entre eux, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Bonjour à tous, je m’appelle Alim Ben Mabrouk. Je suis né dans la banlieue lyonnaise, au sein d’un quartier qui s’appelle les Minguettes, tout comme un certain Luis Fernandez. Nous avons grandi ensemble dans un environnement pas toujours facile. C’est une belle histoire de vie car, plus tard, nous sommes passés professionnels ensemble à Paris. Lui était alors au Paris-Saint-Germain et moi au Paris FC en deuxième division. J’ai été un milieu de terrain physique et combatif, joueur de football professionnel en France du début des années 1980 jusqu’au début des années 1990.

 

Vous êtes l’un des joueurs emblématique de la période Matra, de part vos performances mais aussi votre fidélité puisque vous engagez après la fusion avec le Paris FC et que vous resterez jusqu’à la toute fin du projet en 1990…

À l’époque du PFC, j’avais déjà des coéquipiers autour de moi qui participeront à l’aventure au Racing. Des hommes comme Jean-Claude Lafargue ou Denis Troch. La fusion entre le PFC et le Racing prend effet à partir de 1981, Jean-Luc Lagardère devient Président, c’est ainsi que l’aventure commence et que je vais pouvoir effectuer toutes mes classes au sein du club. Je peux dire que j’ai tout vécu au Racing. Le projet va durer presque dix ans puisque tout s’arrête en 1990. J’ai vu passé beaucoup de grands joueurs, les Littbarski, Bossis, Luis Fernandez, Olmeta, Franscecoli, et je suis effectivement le seul à être resté du début, jusqu’à la fin. C’est un club qui me tient encore aujourd’hui très à cœur, et j‘entretiens l’espoir de le voir un jour remonter les échelons du football français. Ce maillot Ciel et Blanc, il m’appartiendra pour toujours.  Ce sont mes couleurs, elles sont magnifiques, les mêmes que l’Argentine qui compte aussi beaucoup pour moi d’un point de vue football.

Avec plus de 200 matchs, l’international algérien fait parti des joueurs les plus capés de l’histoire du Racing.

 

En huit saisons avec le Racing, vous allez connaître un certains nombres d’événements marquants pour le club. Quels sont vos plus beaux souvenirs avec le maillot Ciel et Blanc ?

Comme je l’ai dit, il y a eu beaucoup d’épisodes et donc beaucoup de bons souvenirs. D’abord, le fait d’avoir pu côtoyer tous les grands joueurs que j’ai déjà cités. Je me rappelle également de l’ambiance extraordinaire qui régnait au sein du club même si nous avons aussi connu des moments compliqués. Avoir un Président comme Jean-Luc Lagardère était quelque chose de fantastique. C’était un précurseur du football moderne, il avait vu avant tout le monde le potentiel extraordinaire de développement de ce sport. C’est un homme qui restera une personne très importante dans ma vie… Je peux aussi parler de la finale de la Coupe de France et ce parcours en forme de baroude d’honneur. Un grand souvenir malgré la déception de son épilogue. Je reste persuadé que si nous avions pu gagner cette finale, le projet pouvait encore repartir.

 

Justement parlons de la saison 1989-1990, la relégation mais également comme vous l’évoquez, une finale de Coupe de France. Vous faites alors partie des cadres dans une équipe avec de jeunes talents comme Pascal Olmeta ou David Ginola …

Oui, cette saison 1990 avec beaucoup de jeunes dans l’effectif, le Matra commençait déjà à se retirer. Il nous restait réellement que trois ou quatre cadres, Pascal Olmeta, Azziz Bouderbala et moi-même. Je ne peux pas compter Ginola qui était encore très jeune. Avec cette équipe, nous avons battu le grand Bordeaux de l’époque en quart de finale, en demi-finale nous remportons une victoire extraordinaire contre un Olympique de Marseille Champion de France. Malheureusement, nous perdons en finale contre Montpellier, mais ce parcours reste tout de même une très grande performance que peu de gens avaient prévu à ce moment-là. Malgré tout, nous sommes relégués et cela marque la fin du projet. C’est encore une grande déception car comme je vous l’ai dit, j’ai longtemps cru, plus longtemps que tout le monde, à la possibilité de sauver le club.

 

À vos côtés sous ce maillot mythique, vous verrez passer des noms importants du football de l’époque, comme Maxime Bossis, Luis Fernandez, Rabah Madjer ou encore Enzo Francescoli. Si vous devriez n’en retenir qu’un seul ?

C’est vraiment difficile de n’en retenir qu’un, mais pour le niveau humain et la qualité du footballeur, je citerai d’abord Enzo Franscescoli. Il avait un talent extraordinaire et c’était un homme d’une grande qualité, toujours prêt pour mettre l’ambiance. Pour tout ça, son passage au club m’a vraiment marqué.

Enzo Francescoli, coéquipier d’Alim Ben Mabrouk de 1986 à 1989…

 

Vous prendrez part à plus de 200 matchs avec le Racing malgré cette concurrence féroce… On suppose qu’il fallait avoir un certain mental pour s’imposer dans cette équipe ?

J’ai participé à plus de 200 matchs oui, disons que j’ai gagné ma place parce que je pense avoir toujours été un battant. Tous les entraineurs qui sont passés m’ont reconnu cette qualité. Je n’ai jamais aimé perdre, j’étais quelqu’un qui se donnait à fond et je pense que c’est cette caractéristique qui m’a aidé pour me faire ma place.

 

En 1986, vos performances en club vous permettent d’être sélectionné avec l’équipe d’Algérie pour le Mondial au Mexique. On peut supposer sans prendre de risque que cette sélection marque un véritable accomplissement dans votre carrière de joueur

Je pense que c’est un aboutissement pour tout footballeur de participer à cette compétition. La Coupe du Monde au Mexique est, bien entendu un grand moment de ma carrière. Nous avons eu la chance de rencontrer de grandes équipes comme l’Espagne ou l’Irlande du Nord. Je retiendrais surtout cette belle rencontre face au Brésil. Nous perdons ce match au tout dernier moment, alors que tous les observateurs nous prévoyaient une défaite cinglante. Vraiment de beaux souvenirs.

Malgré des résultats honorables, la sélection algérienne est éliminée dès le premier tour de la compétition. Alim Ben Mabrouk compte 3 sélections avec les Verts.

Aujourd’hui, comment s’organise votre quotidien ? Le football tient-il toujours une place importante dans votre vie ?

Je travaille aujourd’hui avec Bernard Caïazzo et l’AS Saint-Etienne sur un certain nombre de sujet portant sur le développement du club. Je compte aussi aider mon fils dans son activité d’agent de joueurs, puisqu’il a obtenu sa licence récemment. La priorité pour moi, aujourd’hui, c’est ma famille et les moments que je passe entouré des miens. J’arrive à un stade de ma vie où il est normal que cette dimension prenne une grande place.

 

Pour terminer cette interview, avez-vous un dernier mot à adresser aux supporteurs du Racing ?

J’aimerais leur dire que j’espère, avec eux, et de tout cœur, que le Racing revivra à nouveau de grands moments. Il faut des gens qui croient en ce club qui possède une histoire et un potentiel extraordinaire. Il est implanté au cœur d’une région pleine de talents et de passion pour le football. Comme je l’ai dit, le Racing restera mon club, je resterai toujours attentif à son évolution et sait-on jamais, disponible pour son avenir. Allez Racing !

 

Interview réalisée par Baptiste Boulfort.

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