Hippolyte Dangbeto : « Je me rappelle de ce long couloir du Stade Yves du Manoir… »

Ancien joueur professionnel formé au Racing , Hippolyte Dangbeto a le club dans les veines. Une interview pleine d’humilité pour un footballeur de talent marqué à vif par son début de carrière en ciel et blanc. L’occasion également de rappeler que le Racing, plus qu’un club, est surtout une grande famille.

Bonjour Hippolyte Dangbeto, commençons cette interview par la question d’usage en cette période troublée, comment se passe votre confinement ?

Bonjour à tous, cette pandémie fait rage et nous devons être très prudents et patients. Pour ma part,  je fais de nouveau un peu d’exercice physique chaque jour. J’en profite pour passer des coups de fil et envoyer des messages à la famille, prendre des nouvelles des amis. Le travail m’occupe aussi je prépare le lancement de ma nouvelle société dans le développement des jeunes footballeurs et je poursuis la commercialisation de mon concept de jeu de tennis ballon avec des buts : le Pro-Training Games.

Revenons maintenant dans le passé, votre histoire avec le Racing commence en 1984, vous avez alors 15 ans et le club sous le sponsoring « Matra » est dans une période faste.  Quels souvenirs gardés vous de cette période de formation en ciel et blanc ?

J’ai eu beaucoup de chance d’avoir pu progresser parmi tant de grands joueurs, la plupart internationaux. Jeune, tu rêves forcément de les côtoyer, j’ai profité de ces beaux moments qu’offre le football. Je me rappelle de ce long couloir du Stade Yves Manoir. Cette image qui me reste en tête encore aujourd’hui, c’était le symbole de ma réussite qui passait à l’époque par un travail quotidien. Je remercie infiniment mes coachs Jean Marie Lawnizack et Roger Fleury qui m’ont donné tout ce dont j’avais besoin pour arriver chez les professionnels. J’ai été parfaitement armé.

Vous débutez en professionnel de 1988 à 1990 avec le Racing. Deux saisons ponctuées par une relégation certes, mais également par une finale de Coupe de France. Racontez-nous ces débuts en pro avec votre club formateur ?

J’ai eu l’impression que le temps s’était arrêté. J’ai toujours gardé les pieds sur terre dans mon quotidien mais en tant que footballeur j’étais sur une autre planète ! C’était l’extase. Ces moments ne sont pas réellement explicables. Ce sont des sensations que seul quelqu’un qui les a vécus peut réellement comprendre. C’était un accomplissement très intérieur. J’ai beaucoup travaillé pour arriver à ce niveau et j’ai profité pleinement de cette période. Mon entrée chez les « A » a été particulièrement favorisée par Maxime Bossis qui m’a pris sous son aile, il m’a appris à modifier mon comportement suivant les situations et le déroulement du match. Ce fût dur mais j’ai pris beaucoup de plaisir à ses côtés. La saison 89/90 c’est un grand nombre de matchs en tant que titulaires, sur le plan personnel une année d’accomplissement. L’épilogue a pourtant été très amer. Je suis resté comme beaucoup de notre génération sur un grand sentiment d’inachevé. Lorsque le Président Jean Luc Lagardère nous avait parlé de son départ, il pensait pouvoir assurer la pérennité du club après lui. Malgré tous nos efforts et une saison ponctuée par une finale de Coupe de France, nous sommes relégués en L2… Vous connaissez la suite. C’était un drame pour moi, même si à l’époque de la descente, il y avait encore de l’espoir. Nous avions dans nos rangs beaucoup de très bons jeunes joueurs qui possédaient toutes les qualités pour grandir avec le club et faire remonter le Racing en première division. Les choses ne se sont pas passées ainsi. Ça reste une énorme déception.

Vous aurez par la suite une riche carrière, vous emmenant d’abord à Caen avant de passer par la ligue 2 avec Perpignan, Troyes puis Sedan. Rétrospectivement comment jugez-vous votre parcours dans le football professionnel ?

Une carrière plutôt discrète, qui ressemble à ma personnalité. J’ai pris beaucoup de plaisir à donner mon maximum à chaque match pour ne pas avoir à regretter quoique ce soit. Il n’y a rien de pire que les regrets. Une carrière bien remplie malgré tout avec deux finales de Coupe de France et une participation à l’ancienne Coupe de l’UEFA. Enfin, la chance d’avoir côtoyé des Champions du Monde 1998 en Équipe de France Espoirs. Zizou, Lizarazu, Manu Petit, Fabien Barthez… Oui je reste fier de tous ces beaux moments.

Aujourd’hui, comment se passe l’après football pour vous ? Quels sont vos projets ?

Je vous disais que tout donner sur un terrain de football était très important pour moi. C’est tout naturellement que je me suis tourné vers le développement des jeunes footballeurs depuis les années 2000. Aider à mon tour les plus jeunes à atteindre leur rêve. Mon ambition est de leur faire comprendre que rien ne tombe du ciel sans patience, rigueur et des efforts réguliers. Tout ça sans oublier le plaisir bien-sûr. Je suis basé au Five de Perpignan Grand Saint Charles depuis 2015 avec des séances du lundi au vendredi. La semaine je fais aussi le tour des stades pour observer la progression des joueurs qui sont à ma charge.

Coté projet, je suis en plein développement de ma structure commerciale après quinze ans dédiées à mon association ASPTG. Une société avec laquelle je continuerai le coaching, la mise en place et la commercialisation des kits Pro-Training Games.

Un dernier mot pour les supporteurs du Racing ?

La plupart n’était peut-être pas nés ou bien étaient trop jeunes pour connaître notre génération mais ils sont aujourd’hui l’avenir du club. Ils font partie intégrante de l’esprit des « Ciel et Blanc ». Le Racing tient debout parce qu’ils sont toujours là pour les joueurs et le staff technique. Je n’oublie pas tous les bénévoles qui participent aussi à la vie du club. Je veux les remercier et les inciter a poursuivre sans relâche leurs efforts. Au bout du compte ce sont eux qui seront récompensés par le renouveau du Racing au plus haut niveau.

Un dernier mot, en ces temps de pandémie, soyez prudents et patients. Prenez soin de vous et de vos proches. J’espère que nous nous reverrons dans la plus grande des joies ! Racingman un jour, Racingman pour toujours !

Article par Baptiste Boulfort