Olivier Falentin « Quand mon gardien est sur le terrain, je vis le match comme si je le jouais »

Entraîneur des gardiens du groupe National 3 et des jeunes, Olivier Falentin s’est confié pour nos lecteurs sur ce poste souvent considéré comme « à part ».

Bonjour Olivier, peux-tu te présenter aux supporters du Racing ?

Je suis entraîneur des gardiens du Racing, je travaille principalement avec le groupe National 3. J’ai aussi en charge les gardiens de u16 à u18. J’entraîne depuis 2008. J’ai passé mes premières formations en France et le diplôme « UEFA licence Goalkeeper » avec l’Union russe de football en 2016, dans le cadre de la valorisation de la Coupe du Monde 2018 où un entraineur étranger, sous certaines conditions, pouvait passer la session de formation là-bas.

Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir entraineur de gardiens ?

J’ai toujours constaté, surtout à travers ma génération, le manque cruel de spécifiques pour les gardiens. Les coachs de gardiens étaient rares même à un bon niveau. Sans parler des jeunes qui n’avaient personne pour s’occuper d’eux. Naturellement, je me suis lancé en proposant mes services à des petits clubs à proximité de chez moi pour former des gardiens de but.

Je vois l’évolution et l’importance d’avoir des entrainements de gardien au sein des clubs. Aujourd’hui, le manque a considérablement diminué.

Pourquoi les spécifiques gardiens sont-ils aussi importants ?

Gardien de but est un poste à part. De nos jours, il faut être de plus en plus performant et complet. C’est un poste avec des techniques particulières et des spécificités propres aux gardiens. Dans une équipe, c’est un rôle hors du commun. Un défenseur peut se retrouver attaquant et inversement. Un gardien de but est un gardien de but. C’est vraiment un poste très spécial.

Quelle image du Racing avais-tu avant ton arrivée ?

Les premiers matchs que j’allais voir au Parc des Princes quand j’étais petit étaient ceux du Matra Racing lorsque le club jouait en première division. C’est un club mythique que j’ai toujours plus ou moins suivi.

Quand j’ai eu l’opportunité de venir travailler ici, j’ai été conquis. Avec Guillaume Norbert, qui est de ma génération, le courant est tout de suite passé dès la première rencontre.

L’idée d’aider le Racing à retrouver le haut-niveau m’a totalement emballé. Et c’est un club qui se donne les moyens et qui travaille bien.

Quelle est ta semaine type au sein du club et comment organises-tu tes séances en fonction des catégories ?

J’interviens en début de semaine d’abord avec les jeunes. Ensuite, je travaille avec le groupe N3 où pendant une heure et demie je m’occupe des gardiens. C’est la grosse séance de la semaine. Le week-end, j’accompagne l’équipe première à domicile et à l’extérieur.

Pour les jeunes, il y a une programmation annuelle qu’on ne modifie pas trop en général, sauf s’il y a des lacunes sur un aspect précis. L’objectif avec les jeunes est de travailler tout au long de la saison les spécificités du gardien, de voir toutes les bases techniques.

Pour les seniors, ce n’est pas vraiment pareil. Mon objectif est que mon gardien soit prêt le jour du match. J’essaie donc d’adapter les séances en fonction de l’adversaire que l’on jouera le week-end ou d’un manquement que peut avoir le gardien à un moment précis de la saison. Ce n’est pas un planning fixe pour les seniors. C’est plus de l’adaptation, sans oublier la partie technique qui reste primordiale.

Quel genre d’entraîneur es-tu avec tes gardiens ?

Quand mon gardien est sur le terrain, je vis le match comme si je le jouais. Avec Anisse Derkaoui par exemple, on a vite été très complice. Il ne faut pas se dire que je fais juste le spécifique gardien. Il y a aussi un gros travail d’échange après les matchs ou durant la semaine. On débriefe par téléphone sur ce qui a été ou ce qui n’a pas été. On analyse ensemble en vidéo des actions de jeu parce que l’on peut les retrouver sur les matchs suivants. L’avis du gardien compte beaucoup pour moi. J’ai besoin d’avoir son ressenti notamment sur des actions précises qu’il a pu faire.

La préparation mentale est super importante. C’est un poste où le gardien est seul, livré à lui-même. Je suis constamment en train de communiquer avec eux. Il y a des gardiens qui techniquement sont très forts à l’entrainement mais qui en match ne vont pas reproduire les mêmes choses parce que mentalement ça ne va pas.

Gardien de but est le poste qui a le plus évolué dans le football moderne. Qu’est-ce que cela a changé pour toi en tant qu’entraineur de gardiens ?

Cela a tout changé dans ma façon de voir les choses. A mon époque par exemple, on ne travaillait pas forcément le jeu au pied car le gardien était beaucoup moins utilisé que maintenant dans ce secteur de jeu. C’est ce qui a le plus évolué. Dorénavant, le gardien participe au jeu de l’équipe et est même dans des schémas tactiques ou techniques lors des mises en place.

C’est pour ça que les jeunes doivent intégrer les jeux de conservation avec leur équipe à l’entrainement. On en demande beaucoup à un gardien. Aujourd’hui, il se doit d’être performant dans les buts et au pied. C’est un double travail.

Un dernier mot pour les supporters du Racing ?

C’est avec une grande fierté que je suis investi dans le projet du Racing. J’espère que l’on atteindra les objectifs que nous nous sommes fixés.

C’est la première fois que je suis dans un club où je vois autant de supporters présents à chaque match aussi bien à domicile qu’à l’extérieur. Cela donne beaucoup de force aux joueurs et au staff. Merci à vous et Allez Racing !

Interview réalisée par Dalil Bouchakour.