Thadée Cisowski, buteur devant l’éternel…

Nouveau portrait d’une des légendes du Racing, l’attaquant français Thadée Cisowski. Buteur des Ciel et Blanc dans les années 50, nous vous proposons aujourd’hui de revivre le parcours d’un des attaquants les plus craints de son époque…

D’enfant mineur à vedette du ballon rond…

Cisowski voit le jour le 16 février 1926 à Laski, un petit village près de Varsovie en Pologne. À l’âge de 9 ans, le petit Thadée rejoint son père qui avait immigré en France quelques années plus tôt. Son arrivée dans le pays est marquée par un contexte historique extrêmement difficile. À l’époque, l’État français a besoin de travailleurs pour enclencher sa reconstruction après la Première Guerre Mondiale. Le manque de main d’œuvre est criant, la majorité des sacrifiés sur le champ de bataille faisant partie de la classe ouvrière. En septembre 1919, la France signe avec la Pologne une convention relative à l’immigration. Des quotas par nationalités venant d’être mis en place aux États-Unis, l’Hexagone devient alors une destination privilégiée pour la population rurale polonaise bien souvent plongée dans la misère. Un texte législatif validera bientôt cette convention et 700 000 travailleurs polonais arrivent en France à partir des années 20. On organise ainsi le déracinement de centaines de milliers d’hommes et d’enfants. L’avenir pour eux se résume bien souvent au travail servant à l’extraction du charbon et du fer. Dès 14 ans, Thadée est embauché avec ses frères et son père  pour descendre tous les jours dans les boyaux sombres de la Mine de « la Mourière » à Piennes dans la région de Meurthe-et-Moselle.

Photo des mineurs dans la mine de la Mourière au cours des années 30.

Le football est à l’époque l’une des seules distractions accessibles aux mineurs. Thadée peut ainsi s’épanouir tous les dimanches après-midi sur le rectangle vert. Le jeune homme joue à cette période sous le maillot de l’US Piennes et fait déjà montre de son talent dans une équipe qui compte également dans ses rangs un certain Roger Piantonni, un autre futur « crack » du football français des années 50. En 1948, la carrière de footballeur de Cisowski décolle réellement. Cette année là, l’attaquant s’engage avec le club phare du Grand Est, le Football Club de Metz. En quatre saisons, il laisse son empreinte chez les Grenats en inscrivant 45 buts.

Cisowski parisien…

À l’intersaison 1952, Cisowski quitte l’Est de la France pour poser ses valises dans la Capitale. L’attaquant français débarque au Racing pour un transfert record à l’époque, plus de 12 millions de francs. À Paris, le footballeur prend alors une autre dimension. Son influence dans le jeu des Ciel et Blanc, sans compter ses statistiques affolantes, font de lui l’un des attaquants les plus complets de sa génération. Il termine meilleur buteur du championnat de France en 1956, 1957 et 1959. En 1960, pour sa dernière saison au Racing, Cisowski n’est devancé que par Just Fontaine, l’attaquant au Stade de Reims.

Pour l’arrêter, les défenseurs adverses usent de tous les moyens, en premier lieu, des tacles ravageurs. Au total, ses nombreuses blessures, dont deux fractures de la jambe, ont amputé Cisowski d’une bonne partie de sa carrière, ce qui ne l’empêche pas, avec 206 buts, d’être encore de nos jours classé cinquième meilleur buteur de première division, derrière Delio Onnis (299), Bernard Lacombe (255), Hervé Revelli (216) et Roger Courtois (210). Il comptabilise également 22 hat-tricks en Ligue 1 ce qui fait de lui le joueur comptant le plus de « coups du chapeau » de l’histoire de notre championnat.

Entre 1952 et 1960, Thadée disputera 207 matchs avec le maillot du Racing pour 152 buts marqués. Il demeure le meilleur buteur de l’histoire du club. Il peut être considéré comme l’artisan principal d’un Racing Club de Paris au jeu très offensif, l’attaquant phare de l’équipe légendaire de la saison 1959-1960 qui inscrira un total de 118 buts au cours de ce seul exercice, un record qui tient encore aujourd’hui.

La flamboyance sans consécration…

La carrière internationale de Cisowski a, elle aussi, été fortement contrariée par ses multiples blessures. Il comptabilise tout de même 13 sélections avec l’Équipe de France pour 11 buts inscrits. Un bref parcours en bleu que « Ciso » marquera tout de même de son talent. Pour preuve, ce match de novembre 1956, La France affronte la Belgique au Stade Yves du Manoir de Colombes. Dans son antre, Thadée fait parler son terrible instinct de buteur en réalisant un quintuplé, le deuxième de l’histoire de l’Équipe de France, le dernier à ce jour. Le match est remporté 6-1 par les bleus devant 46 000 spectateurs.

Une carrière marquée par la flamboyance donc, mais qui ne sera jamais récompensée par un titre collectif. En effet, le Racing des années 50, célèbre pour son beau jeu, n’inscrira jamais son nom au palmarès du Championnat de France, toujours devancé au classement, notamment par le grand rival rémois. La dure loi du sport diront certains…

Pourtant cette absence de consécration ne saurait effacer le devoir de mémoire envers cette génération dorée de notre club. Cet état de fait rend, au contraire, l’hommage d’autant plus indispensable.

C’est un grand honneur pour le Racing Club de France Football d’entretenir aujourd’hui cet héritage en vous contant l’histoire de ce grand joueur, de ce grand Racingman.

Thadée Cisowski, un « Roi sans couronne », un buteur devant l’éternel…

Article par Baptiste Boulfort.

SOURCES :

  • Piennes : un livre sur le footballeur Thadée Ciso comme but ultime. Le Republicain-Lorrain.
  • FC Metz : de Cisowski à Kasperczak. Le Républicain-Lorrain.
  • Fiche joueur Équipe de France. Site officiel de la FFF.

Un remerciement appuyé au site internet allezracing.foot.free.fr et au groupe collaboratif « Les anciens du Racing club de France Football », ressources inépuisables en ce qui concerne l’histoire des « ciel et blanc. »